Quelle est votre réaction à cette tricherie ?
Ma première réaction est de féliciter les arbitres pour leur travail. Il y a d’abord eu la découverte et ensuite un jugement rapide après avoir entendu chaque coureur. L’un est exclu totalement, l’autre est disqualifié. Le travail de surveillance, pour que les courses restent équitables, a été fait. Cela est très satisfaisant. Ensuite, nous sommes dans un monde où, quelle que soit l’activité que l’on pratique, il y a des tricheurs. C’est le rôle de la fédération d’être aux côtés des organisateurs et des classes pour sanctionner lorsqu’il y a de tels cas. La tricherie, c’est du vol. Le volet médiatique que Tuduri a eu sur cette Solitaire, il l’a volé à quelqu’un d’autre (NDLR : notamment à Victor Le Pape, 1er du classement des bizuths).
Que va-t-il se passer maintenant ? Le skipper va-t-il passer devant une commission de discipline ?
Deux cas ont été jugés, dont un où la règle 69 a été appliquée pour Benoît Tuduri. Dans ce cas-là, le jury a l’obligation de faire un rapport à l’autorité nationale, donc à la FFVoile. Le président du jury, Georges Priol, va rédiger un rapport qui me sera envoyé : ensuite, il y a la possibilité d’ouvrir une commission de discipline. Là, ce sera à cette commission, qui est indépendante de la fédération, de juger des sanctions éventuelles.
Quelles pourraient être ces sanctions ?
La gradation va de rien si la commission de discipline estime que les faits ne sont finalement pas avérés ou s’il y a eu une erreur dans la procédure. On peut aussi avoir une suspension de licence avec sursis pour des durées variables ou une suspension à vie. Le spectre est extrêmement large.
Benoît Tuduri et Pierre Daniellot sont engagés en Class40 sur la prochaine Transat Jacques Vabre : pensez-vous qu’ils seront sur la ligne de départ ?
Je vais recevoir un rapport sur la règle 69, donc pour mauvaise conduite notoire, il va y avoir une commission de discipline : s’il y a des sanctions après cette commission, il leur sera difficile de participer à la Transat Jacques Vabre. Après, j’imagine qu’ils ont des contrats avec des partenaires et ce sera aussi à eux de juger ce qu’ils souhaitent faire. Une commission de discipline, c’est maximum une dizaine de semaines.
Après les affaires Gabart, Crémer, Escoffier, voici l’affaire Tuduri… L’image de la voile en prend un coup ces deux dernières années ?
Il y a forcément une tristesse lorsque nous avons des événements négatifs mais, malheureusement, nous sommes dans une société qui fonctionne comme cela. Notre sport vit à l’intérieur d’une société qui a des travers et donc on peut retrouver ces travers dans notre activité. C’est relativement limité même si là, il y a un enchaînement d’affaires qui est aussi lié au formidable essor de la course au large : il y a de plus en plus de monde, plus de partenaires, plus d’enjeux financiers aussi. Cela crée aussi des dérives et nous sommes attentifs à les contrer rapidement.
