The Transat CIC (Lorient - New York)Vous étiez déjà venu jusqu’à New York en 2016 (4e), quel est le sentiment sur cette deuxième The Transat CIC ?
Je suis fatigué. C’est dur d’arriver loin là. Il y a le directeur de course qui dit : si vous mettez le moteur, vous ne dormez pas. Ben oui, mais il n’y avait pas de vent. Tout était bizarre sur cette course pour moi. L’arrivée était un peu particulière même s’il y avait plein de bateaux autour. Les deux derniers jours, je me suis repris un peu au jeu de la régate. J’ai échangé un peu avec Nicolas Lunven, qui avait aussi des déboires juste devant. Et puis ça poussait derrière donc je me suis dit que je n’allais pas me laisser doubler (rire) même si je ne pouvais pas aller.
Vous êtes allé chercher des ressources loin sur ces 10 jours 15 h 2’19’’?
Je suis allé au bout. Après, il y a eu une grande descente aux abîmes où je n’ai pas pu, pendant trois jours, aller à plus de dix nœuds. C’était presque usant parce qu’il fallait que je change souvent mes voiles, que je les règle en permanence pour ne pas aller trop vite. A la fin, les vents allaient dans tous les sens ce n’était pas facile. C’était stressant.
Evidemment, 15e ce n’est pas ce que vous veniez chercher mais : que retiendrez-vous de cette transat ?
J’ai appris plein choses, il y a plein de points positifs même s’il y a cinq jours j’aurais eu du mal à dire ça. Je me suis vraiment amusé à bien jouer la régate. Ce format de course sur des parcours peu habituels, c’est hyper intéressant. Le jeu n’est pas le même, il y a plein de situations météo qu’on n’a jamais vécues. On explore : des passages de dépressions par le nord, on n’en fait pas beaucoup. J’ai trouvé ça intéressant au niveau stratégique.
C’était un peu un retour en solitaire ?
Je n’avais pas fait de solo depuis la Route du Rhum il y a deux ans. Depuis six ans, je n’avais fait que dix jours de navigation en solitaire, ce n’est pas beaucoup. Il fallait donc que j’apprenne à revivre à bord à retrouver des sensations et ça, c’était super. Et le bateau même si je le connaissais bien… je me suis retrouvé bizarre en me demandant : « Mais qu’est-ce qu’ils foutent dans le cockpit : Mariana (Lobato qui était à bord pendant The Ocean Race) choque ! » Et en fait, il n’y avait pas Mariana, Anthony (Marchand) non plus. Il fallait se réveiller pour aller choquer, changer les voiles. Ça, ça a été un peu dur par moments.
Les réflexes sont revenus vite, vous êtiez bien dans le match avant votre avarie ?
J’ai fait quelques conneries quand même. Mais pas trop, j’ai essayé de bien m’organiser. Je suis assez content dans la méthodologie des manœuvres, du repos… Dans ces conditions, c’est difficile d’aller chercher du plaisir. Le plaisir vient par la performance, le résultat, le fait de réussir à devant les autres à ne pas casser, à ne pas déchirer les voiles. On se fait vraiment malmener. C’est très dur physiquement et mentalement ces bateaux-là. On fait du près face à la mer, on se fait chahuter. On se dit que ce sera mieux au portant. Mais finalement, c’est pire parce qu’on se fait chahuter pareil mais il y a en plus le stress de la sortie de route avec des vitesses plus élevées. Et c’est devenu plus compliqué parce que ces bateaux-là deviennent extrêmes dès 16 nœuds de vent. Et là. On a pris trois fois 40 nœuds mais c’est normal, c’est le tarif.
Il va y avoir beaucoup de travail d’ici la New York – Vendée Les Sables ?
Beaucoup, non parce que le bateau est en super état. Pas de problème de voiles, d’électronique. Le bateau fonctionne bien à part ce foil, qui est un gros dossier. Malheureusement on a déjà vécu ces expériences-là et l’équipe a cette gestion grâce à The Ocean Race de pouvoir gérer : c’est une escale, ça dure trois semaines. Il y a la manche 1 puis la manche 2… il faudra être prêt.