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« On a envie de ramener cette Coupe de l’America en France », affirme Stéphane Kandler, patron du défi français (3/3)
Stéphane Kandler, 53 ans, co-directeur du défi français Orient Express Team, s’est engagé pour la troisième fois sur la Coupe de l’America qui se déroulera cette année à Barcelone. Voici la troisième et dernière partie de l’entretien (3/3).
Coupe de l’America, la grande interview de Stéphane Kandler
Episode 1 : Stéphane Kandler, patron du Défi français : « Un projet Coupe de l’America, ce n’est pas beaucoup plus cher qu’un projet Ultime » Episode 2 : «Franck Cammas était indispensable au projet français pour la Coupe de l’America», selon Stéphane Kandler Episode 3 : « On a envie de ramener cette Coupe de l’America en France », affirme Stéphane Kandler, patron du Défi français
L’édition 2024 est aussi ouverte aux jeunes et pour la première fois aux femmes : quels sont les enjeux pour ces deux équipages ?
Ces projets jeunes et femmes ont autant d’importance pour nous que le projet America’s Cup. Je ne vois pas beaucoup de sport faire autant pour les jeunes et les femmes que la voile. Les jeunes et les femmes sont des critères fondamentaux qui font que des marques comme l’Oréal, Orient Express, Alpine, Photomaton sont avec nous.
Le succès de la voile française, c’est sa filière : un jeune qui débute en Mini 6.50 peut rêver d’être sur un Ultime dix ans après. Aujourd’hui, on a l’America’s Cup, le Sail GP mais aussi l’America’s Cup jeunes et l’America’s Cup femmes. On a aussi de la mixité dans les équipages jeunes et on voit bien qu’on a des talents chez les jeunes, chez les femmes : les Français ne sont pas moins bons que les Néo-Zélandais. On a une génération talentueuse et très bien câblée. Très tôt, on leur a donné les moyens de s’entraîner dans les meilleures conditions.
Avec des stages réguliers à l’ENVS de Quiberon par exemple ?
Avec Team France, on a mis en place un programme en partenariat avec l’école nationale de voile à Quiberon. Très tôt, l’école a cru dans notre projet et ils ont investi, tout comme le Ministère des sports. L’engagement du Ministère des sports est un changement majeur pour notre sport. Nous avons été bien accompagnés par les institutions, notamment la Fédération Française de voile pour les sélections. On a réussi à faire cela tous ensemble car la confiance s’est installée.
Contrairement à certains défis étrangers, chez vous, il n’y a pas vraiment une tête qui dépasse, personne qui se met en avant. Pourquoi ?
Tout le monde a vu que Bruno et moi n’étions pas là pour briller, que ce n’était pas le projet d’un homme. Les gens qui me suivent savent que j’ai de la suite dans les idées et que je suis quelqu’un de très intuitif. Quand j’ai monté le projet d’importation des Mumm 30 en 1996, j’en ai pris plein la gueule. Même chose quand j’ai monté mon équipe pour la Coupe de l’America, on a fait un résultat modeste mais quand on sait d’où on venait avec le budget ridicule que nous avions… Aujourd’hui, quand je vois des Guillaume Verdier, des Benjamin Muyl, des Sébastien Col, tous des stars avec lesquelles j’ai navigué, je suis satisfait. Ce qui me plaît, c’est de voir des jeunes s’épanouir. J’espère que l’avenir est là, que tout cela va survivre à Bruno et moi. On n’a plus rien à prouver lui et moi mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas d’ambition. On a envie de ramener cette Coupe de l’America en France.
Si vous la gagnez, elle ira où la Coupe de l’America ? En Bretagne, à Lorient qui est la Sailing Valley ?
(Rires). Je n’ai pas la réponse mais on a tout ce qu’il faut en France. Quoi qu’il arrive, on est dans une logique de long terme. On réfléchit à tout cela, on est en train de mettre des choses en place. Est-ce que ce sera en Bretagne ? Peut-être, je ne sais pas, l’essentiel de l’équipe est breton. Mais il y a beaucoup de monde à être intéressé. Sachez aussi que 70 % de l’argent est dépensé en France, en Bretagne notamment. Notre AC75 est actuellement en construction au chantier Multiplast à Vannes.
Vous n’allez pas rester à Barcelone pendant 3 ou 4 ans jusqu’à la prochaine édition ?
Non bien sûr, sauf si la prochaine édition se dispute là-bas parce que celui qui la gagne décide de la laisser à Barcelone. Si les Américains la remportent, elle partira aux États-Unis mais avec les nouveaux bateaux, la Coupe peut repartir dans deux ans. On veut changer de paradigme, on veut changer l’image de la Coupe et ça passe par une image sérieuse, professionnelle et on l’espère victorieuse. Soyons ambitieux mais humbles. On veut regagner le cœur des Français : on l’a déjà au travers des marques qui nous soutiennent, de grandes marques internationales donc c’est la France qui gagne.
La Coupe de l’America va se retrouver en concurrence avec les Jeux Olympiques en France : cela vous inquiète ?
Ce sera le cas au début. Canal + est le diffuseur et ils savent faire mais je ne suis pas inquiet : il faudra qu’on performe. On a une carte à jouer, on a fait des choix malins, on a le droit de rêver. Si les résultats sont là, je suis persuadé que tout sera possible quand il ne restera plus que quatre bateaux.
Glen Ashby (*) vient d’intégrer le défi français, c’est un sacré recrutement non ?
Oui, c’est une mine d’or. Jamais on n’a eu cela en France. Il sera avec nous jusqu’au début de l’America’s Cup et il nous donnera son avis et ses conseils sur tout ce qu’on souhaite, notamment la connaissance du bateau pour celui qui a quand même gagné la dernière édition avec Team New Zealand. On est ravi qu’il ait accepté notre proposition, proposition qu’il a certainement dû refuser à d’autres. Glen voulait aider une équipe comme la nôtre et, pour nous, c’est inestimable. C’est un atout de plus. On trouve des raccourcis, on est simple et efficace.
Votre troisième tentative, vous la sentez comment ?
Cela fait trois ans que je suis dessus : je l’ai abordé après un gros arrêt qui a duré huit ans. Quand je suis revenu, je ne connaissais plus personne, à part quelques marins. J’avais décroché mais Bruno Dubois, qui m’a relancé, est toujours dans le milieu. La passion était toujours là, elle ne m’avait pas quittée. Malgré les difficultés qu’on a rencontrées, je ne suis pas sûr qu’on ait déjà eu une telle opportunité en France.
Sauf que votre AC75 sera mis à l’eau en mai et que les régatent commencent deux mois plus tard…
Oui, sauf que tout le monde oublie qu’on a le simulateur. Guillaume Verdier et Benjamin Muyl avaient déjà développé un simulateur donc j’ai appelé Benjamin car Guillaume est resté avec les Néo-Zélandais. Ce qui pouvait nous différencier dans cette édition-là, c’était le simulateur 100 % français. On savait qu’on allait avoir du retard, donc on voulait essayer à travers cet outil de combler ce déficit. On aurait pu louer le simulateur de Team New Zealand mais on a préféré développer le nôtre. Et ce simulateur, c’est une grosse partie de notre budget.
Ce simulateur est-il vraiment l’équivalent d’une sortie en mer ?
Benjamin Muyl leur a dit : « Quand vous faites du simulateur, je veux que ce soit la même session que sur l’eau ». Il a fait en sorte que le simulateur soit une reproduction de la réalité : on a commencé par l’AC40 et c’est aussi pour cela, qu’en partie, on a réussi à gagner une régate et à faire ce podium d’entrée à Vilanova. Tout cela grâce à cette stratégie mise en place par Bruno Dubois, Franck Cammas, Benjamin Muyl et moi. Le simulateur est le centre névralgique de tout notre système pour que Quentin Delapierre, qui a moins d’expérience, puisse monter en puissance. On peut déjà dire qu’on navigue aujourd’hui en AC75. On a donc déjà rattrapé beaucoup de notre retard. On a tout testé sur le simulateur. Et cela nous a mis en confiance. C’est du 100 % français.
(*) L’Australien est médaillé olympique et multiple champion du monde (dix titres mondiaux en Class A), il fut coach d’Oracle et son trimaran géant en 2010, avant de rejoindre Emirates Team New Zealand en tant que régleur d’aile en 2013 à San Francisco. Il fut ensuite le skipper du catamaran néo-zélandais, vainqueur de la Coupe de l’America en 2017 aux Bermudes.
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