Comment a réagi votre client à l’annonce de l’annulation des sanctions de la FFVoile ?
C’est une victoire, mais elle arrive bien tard. La FFVoile se désavoue complètement : elle désavoue l’engagement de ses poursuites, ses organes disciplinaires, ses décisions. Et contrairement à ce qu’elle indique, elle ne le fait pas au motif d’un vice de procédure, mais parce que le dossier est vide ! En réalité, si la fédération abandonne les poursuites, c’est parce qu’elle n’est tout simplement pas capable de les mener. Mais cet aveu d’incompétence arrive bien tard…
La FFVoile dit qu’elle n’a pas voulu organiser de confrontation entre votre client et les plaignantes, et que c’est cela qui lui est reproché comme un vice de procédure...
Il n’a jamais été question de confrontation ! Il était question de respect du contradictoire, ce qui est totalement différent. Le comité olympique l’a d’ailleurs longuement expliqué à la FFVoile. La FFVoile est seule à l’origine du vice de procédure parce qu’elle a sciemment organisé des auditions clandestines, outre les multiples autres irrégularités. Sans mettre dans la même pièce les plaignants et mon client, on aurait à tout le moins pu avoir des retranscriptions de leurs dépositions. Ce qui n’a jamais été le cas. La fédération veut nous faire croire qu’elle regrette un « vice de procédure ». Mais si vice de procédure il y a, elle en est seule à l’origine.
Comptez-vous saisir le tribunal administratif ?
Ce qui a surtout motivé l’avis du CNOSF, mais cela la FFVoile ne le dit pas, c’est l’absence totale de motivations, sur le fond, des sanctions prises contre mon client. Donc aller devant le tribunal administratif pour entériner cette nullité et l’absence de fondement des poursuites contre Kevin Escoffier, clairement, on y réfléchit.
À ce jour, mon client n’a pas été entendu [par la police, NDLR] (…) Mais cette audition, il l’attend avec impatience.
Le président de la FFVoile indique que votre client peut à nouveau participer à des compétitions de voile...
C’est totalement hypocrite et il le sait bien, après un carnage pareil ! Kevin Escoffier n’a bénéficié d’aucune présomption d’innocence : ni son sponsor, ni la FFVoile n’ont pris la peine de lui demander des explications avant de le virer de l’équipe ou d’engager des poursuites disciplinaires, et on se réveille quasiment un an après en disant « désolé, on s’est trompé ! ». Mais aujourd’hui, je ne vois pas comment il pourrait reprendre la compétition à haut niveau avec un sponsor, ou alors ce sponsor serait très courageux, respecterait la présomption d’innocence, et dans ce cas-là, on l’en féliciterait ! Les dommages qui ont été causés à mon client sont irréversibles : il a tout perdu. C’est pour ça qu’il ira au bout de sa défense.
Vous pourriez vous retourner contre la FFVoile en réparation ?
On pourrait, parce que tout cela a de très lourdes conséquences professionnelles, familiales, psychologiques. Mais au-delà, ce qui me révolte, c’est que le sujet des violences faites aux femmes, un sujet extrêmement grave, soit appréhendé par des apprentis sorciers avec autant de légèreté. La FFVoile dit qu’elle va laisser la place aux instances pénales : elle aurait pu le faire depuis le début, et laisser œuvrer les vraies instances compétentes !
Justement une enquête préliminaire a été confiée au parquet de Lorient, où deux plaintes ont été déposées. Votre client a-t-il été entendu ?
À ce jour, mon client n’a pas été entendu et je n’ai aucune information concernant ces plaintes. Mais cette audition, il l’attend avec impatience. Nous avons des éléments concrets et factuels à faire valoir. Il a hâte de s’en expliquer.