Le Landernéen Philippe Offredo, 60 ans, n’a pas vraiment un passé d’athlète de haut niveau. Après tout, ce n’est pas ce qu’on lui demande. « J’ai fait un peu de poids en club quand j’étais lycéen. Je faisais alors partie des meilleurs régionaux », explique-t-il. Pourtant, le physique du bonhomme n’est pas de prime abord très impressionnant : « En tant que fils d’agriculteur, j’avais quand même un peu de pêche ». Après ça, il ne pratiquera plus le sport qu’en loisir : le rugby à la fac, le footing ensuite.
En 2003, Philippe arrive à Landerneau. Un an après, sa fille, Louise, s’inscrit au Pays de Landerneau Athlétisme (PLA) pour notamment y pratiquer le 400 m et le 400 m haies. Son père la rejoint au sein du club en devenant le trésorier pendant six années. Aujourd’hui, au PLA, Philippe s’occupe plus particulièrement de l’école d’athlétisme. Ce sont ainsi 40 gamins qu’il encadre chaque samedi après-midi. Mais, tout cela ne fait pas encore de lui un « sélectionnable » aux Jeux Olympiques.
Des épreuves tous les jours
Alors, pourquoi ira-t-il à Paris ? C’est que, depuis dix ans, Philippe est juge fédéral de lancer. « Pour cela, j’ai passé un diplôme national avec épreuve écrite, épreuve pratique et passage devant le jury. À l’époque, j’avais un peu eu l’impression de retourner à l’école », se souvient-il. Ce dernier pourrait donc juger des championnats de France Élite. Sauf que notre territoire est dépourvu de stade homologué pour ce genre de compétition. Philippe doit donc se « contenter » d’épreuves départementales, régionales et nationales jeunes. Ce qui n’est déjà pas si mal. Autant dire qu’avec les JO, il va entrer dans un autre monde, celui de l’international. Un monde où la mesure laser remplace le décamètre et où le tableau de marque est électronique et non plus manuel.
Mais, pour aller aux JO, Philippe a dû franchir un nouvel obstacle. « Des sélections ont été faites sur toute la France au prorata du nombre de licenciés par région. Il y a un an environ, j’ai donc passé l’épreuve écrite organisée au niveau de la Bretagne. J’ai dû réviser le règlement », se souvient Philippe qui fait partie des onze sélectionnés sur la quarantaine de candidats.
Car il en faut du monde pour « arbitrer » les épreuves : environ une dizaine de juges pour vérifier la planche d’appel et la chute, mesurer la marque et l’afficher au tableau (entre autres). Sans compter que les quatre lancers (poids, disque, javelot et marteau) se décomposent en une épreuve de qualification et une finale, et se déclinent au masculin comme au féminin. À tout cela il faut encore ajouter les épreuves combinées (décathlon et heptathlon). Bref, des lancers, il y en aura pratiquement tous les jours.
Les JO de l’intérieur
Philippe, pour qui « vivre les JO de l’intérieur est un privilège », sait déjà qu’il sera secrétaire de jury, un poste pour lequel l’organisation avait besoin de quelqu’un qui parle anglais et dont le rôle consiste à appeler les athlètes et à cadencer la compétition. Entre le 26 juillet et le 11 août, on scrutera donc de près le petit écran, des fois que l’on reconnaisse un Landernéen sur la piste d’athlétisme olympique.
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